I loro occhi sempre puri di Paul Éluard

Amedeo Modigliani*Jeanne

Giorni lenti, giorni di pioggia,
Giorni di specchi infranti e di aghi perduti,
Giorni di ciglia chiuse ai confini del mare,
D'ore una eguale all'altra, giorni di prigionia,
La mente ancora splendida su foglie
E fiori, la mia mente come l'amore è nuda,
L'alba ch'essa dimentica, la umilia
A contemplare il corpo ubbidiente e vano.
Ma li ho visti, i più begli occhi del mondo,
Déi d'argento recavano zaffiri nelle palme,
Veri déi, ed uccelli nella terra
E nell'acqua, li ho visti.
Quell'ali sono le mie, nulla esiste
Oltre quel volo che scuote i miei affanni,
Volo di stella e luce,
Fiume, pianura, dirupo, quel volo,
Flutti chiari dell'ali,
Pensiero mio che vita e morte reggono.
1926
(trad. Franco Fortini)
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Leurs yeux toujours purs
Jours de lenteur, jours de pluie,
Jours de miroirs brisés et d'aiguilles perdues,
Jours de paupières closes à l'horizon des mers,
D'heures toutes semblables, jours de captivité.
Mon esprit qui brillait encore sur les feuilles
Et les fleurs, mon esprit est nu comme l'amour,
L'aurore qu'il oublie lui fait baisser la tête
Et contempler son corps obéissant et vain.
Pourtant, j'ai vu les plus beaux yeux du monde,
Dieux d'argent qui tenaient des saphirs dans leurs mains,
De véritables dieux, des oiseaux dans la terre

Et dans l'eau, je les ai vus.
Leurs ailes sont les miennes, rien n'existe
Que leur vol qui secoue ma misère,
Leur vol d'étoile et de lumière,

Fleuve, plaine, rocher, leur vol
Les flots  clairs de leurs ailes,
Ma pensée soutenue par la vie et la mort.

(Capitale de la douleur)